Un peu plus qu’un UTMB en plein cœur de Paris… Vous avez dit impossible ? – Wondertrail

Un peu plus qu’un UTMB en plein cœur de Paris… Vous avez dit impossible ?

Comment ça Paris manque de dénivelé… En cette soirée du 28 décembre 2018, une poignée de traileurs est partie à l’assaut du plus haut des sommets de la capitale !

Il aura fallu 18h12min à Alexandre BOUCHEIX (dit Casquette verte pour les intimes) pour venir à bout de ce défi un peu fou… Gravir 10.000m de D+ dans Paris ! Une épreuve gardée secrète, un privilège d’initiés… ou presque. Pas de publicités, pas de sponsors, juste une idée un peu folle pour un défi réservé aux amateurs éclairés. Un projet lancé par une bande de copains sur Facebook, comme une blague après une longue soirée au comptoir. Comment se faire une course de montagne en plein Paris ? Ils ont pris le départ, de ce travail Herculéen, sur les marches du Sacré-Cœur. L’UTMM, Ultra Tour de MontMartre, voici son petit nom! Grimper et Redescendre 271 fois, de jour comme de nuit. Soit près de 60.000 marches pour 79 kilomètres… Bon en fait, ils ont du faire leur calculs lors de la même soirée (au comptoir), car en fait il s’agit non pas de 10.000m mais 11.650m de D+ !

La première édition, en 2018, avait vu un seul Finisher, Guillaume ARTHUS! Un habitué des défis de l’inutile, des challenges extrêmes… Un CV de traileur aguerri: le Marathon Des Sables, une traversée des Pyrénées de 14 jours en solitaire, l’Ultra-trail du Mont-Blanc… Cette année, quelques coureurs aguerris sont venus pour détrôner le record initial de Guillaume. C’est certainement grâce cette émulation, mais aussi à une météo plus clémente, que le record est tombé !

Guillaume a réussi l’exploit de terminer en près de 5 heures de moins que l’année précédente ! Soit en 20h13. Mais c’était sans compter sur la fougue d’un « petit jeune ». Alexandre, qui après une bonne saison en montagne avait envie de s’offrir le record de l’épreuve. Il laisse ainsi une première « marque » à 18h12min… Nouveau record à battre !

Les résultats (15 partants) :

  1. 18 h 12 min Alexandre Boucheix / Nouveau record de l’épreuve.
  2. 20 h 13 min Guillaume Arthus / Record personnel.
  3. 22 h 40 min Ju Tribe / 3ème finisher historique de l’épreuve.

Un record féminin

210 AR en 20h 57 min – Sandrine Duguay

Le mot de Guillaume :

« On est parti avec Alexandre sur des bases très rapides. On avait tous les deux prévus de ralentir mais au final ça a tenu. On n’est revenait pas. Il montait les marches deux par deux alors que je relançais en courant à chaque monté. A ce petit jeu, il a résisté le plus longtemps. C’était un superbe duel. On s’est boosté mutuellement pendant des heures. Je finis sans aucun regret. L’ambiance sur les marches était absolument géniale. Et puis, même si ne finis pas premier cette année, je finis avec 5h d’avance sur 2017. Une journée parfaite. »

ITW d’Alexandre BOUCHEIX

Bonjour Alex ! Peux-tu te présenter rapidement ?

Hello, alors je m’appelle Alexandre Boucheix. Je suis un peu plus connu sous le nom de Casquette Verte. Je viens d’avoir 27 ans. J’habite à Paris (à Saint Mandé, juste à côté du Bois de Vincennes pour être précis) et je cours depuis maintenant 3 ou 4 ans.

J’ai commencé à courir plutôt sur la route (semi & marathon) avant de basculer rapidement sur le trail sur des formats mi-long relativement accessibles (Saintélyon – Ecotrail) et d’être titillé encore plus rapidement par des courses plus exigeantes (Templiers – CCC – Diagonale des fous – UT4M Xtrem – Ultra Trail Cape Town).

Je me focus maintenant sur l’ultra, et j’oriente ma saison 2019 là-dessus (TransGranCanaria / Ultra Maxi Race / Ultra Trail Di Corsica / UTMB / Diagonale des fous). Bref… Je suis bien tombé dedans.

En deux mots : Je suis un parisien qui prend du plaisir à courir, et qui a tendance à toujours en vouloir un peu plus. Ce qui m’amène parfois à un peu dépasser les bornes (sans jeux de mots) dans ma façon de m’entrainer.

Mais comment est né ce projet de faire 10.000m de D+ dans Paris ? C’est tout de même une idée un peu folle ?

Alors, soyons clair entre nous. Oui. C’est une idée complétement folle. Personnellement, je dis plutôt que c’est une idée carrément débile. Ça parait tellement impossible, que ça rend la chose fantastique. J’aime bien ce côté décalé que cela créé.

Tout est parti d’une sortie d’un pote (Pierre O.) à Montmartre publiée sur Strava, où il était allé chercher +3000 de D+. On trouvait cela complétement dingue déjà. Et puis on a commencé à délirer, comme des potes délirent en fin de soirée. Nous en sommes rapidement arrivés au fait que cela serait « vraiment trop drôle de faire + de 10.000 m de dénivelé positif dans Paris Intra-Muros ». Monter plus que l’Everest, mais sans avoir à quitter Paris pour cela. Ça serait dingue.

Nous avons donc commencé à regarder la topographie de Paris pour identifier les meilleurs endroits afin de réussir à faire les 10 K m D+ en un seul coup. Très rapidement, la solution de Montmartre et plus particulièrement de l’escalier à gauche est apparue. L’UTMM était né.

Bon, et sinon, un problème avec les math ? 10.000m …. 11.650m ?

Ahahah. Ça, c’est clairement de ma faute. Avant la première édition j’avais fait mes calculs. Il fallait faire 271 Allers-retours des escaliers en entier pour atteindre les 10.000 m de D+. On était parti là-dessus, et Guillaume Arthus qui a été le premier et unique finisher de la première édition a bien fait les 271 AR.

Quelques semaines plus tard, en parlant avec lui, il m’a redemandé si j’étais sûr du dénivelé. Car, lui comme moi avions des indicateurs sur nos montres qui montraient bien que nous étions au-dessus de 10.000 m de D+. J’ai donc refait mes calculs. Et TA DAM… 1.650 m de plus que prévu. J’avais en réalité oublié de compter les deux escaliers supplémentaires que l’on monte après le haut du funiculaire.

Sur le moment, cela nous a fait rire. Et nous avons donc décidé de garder ce format : 271 allers-retours et 11.650 m D+.

Un projet plutôt « OFF », souhaitez-vous voir l’UTMM devenir une course officielle ? Avec des partenaires et une logistique plus importante ?

L’esprit de l’UTMM est celui d’une course complétement OFF pour deux raisons.

  • La première, c’est tout simplement parce que c’est l’ambiance que l’on souhaite et qui s’est mise en place sur les deux premières éditions : Organiser le truc à l’arrache, se monter un ravito sauvage, compter les tours soit même, mettre un système de LiveTrail au feutre et tableau blanc, autoriser les concurrents à se prendre un Mc Do ou une bière pendant la course s’ils le souhaitent, autoriser les inconnus à nous ravitailler, autoriser tout le matos possible… Une réelle ambiance système D, où chacun se débrouille mais en participant à une opération collective. C’est une expérience humaine plutôt sympa à observer.
  • La seconde, c’est plus logiquement par ce que j’ai toujours supposé que la Mairie du quartier ou la préfecture de Paris n’autoriseraient jamais ce type de course dans un escalier ultra touristique. J’ai préféré ne pas demander l’autorisation plutôt que de risquer d’être interdit. L’UTMM n’est donc pas du tout une course… mais une « sortie entre potes » (d’où le nombre très réduit de participants). Pour le moment, cela semble tenir. Si dans le futur, il faut se rendre à l’évidence que ce n’est plus possible de tenir comme cela. Trois solutions s’offriront : (1) Soit avoir les autorisations pour privatiser l’espace et passer sous un statut associatif (j’y crois relativement peu). (2) Soit délocaliser la course ailleurs. (3) Soit tout simplement arrêter l’UTMM.

Pour ce qui est des partenaires, je verrais. Mais pour le moment, je ne pense pas qu’une marque souhaite coller son image à une course sans autorisation. Et je crois surtout qu’aucune marque n’acceptera les conditions de présences non-intrusives que je demanderai pour ne pas boulverser l’esprit de la course.

Vous n’êtes pas loin du succès de l’UTMB, il faut « passer » le barrage des sélections (tirage au sort) afin de pouvoir s’inscrire… Un projet d’affectation de barème par l’ITRA ?

Ahahaha. « Pas loin du succès de l’UTMB ».. Faut pas déconner non plus. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’inscrits au tirage au sort (un peu plus de 150 dans mon souvenir) pour à peine 20 places. Mais remettons l’église au milieu du village. L’UTMM est très très très loin d’être un événement mondial de la course à pied.

C’est certes une idée loufoque qui attise la curiosité, mais pas plus. Après, qui sait ce que le futur nous promet ? J’attends tout de même de voir de mes yeux, sur mon portable, un SMS de François D’Haene, ou Kilian Jornet me demandant s’ils peuvent participer avant de m’enflammer. (Et oui.. on est d’accord, cela n’arrivera jamais).

De plus, légalement parlant, je préfère que l’on reste petit. Outre les problématiques d’autorisations (donc d’assurance) que l’on pourrait avoir en grossissant ; il y a tout simplement le nom que l’on a trouvé qui est un risque : « Ultra Trail MontMartre ». Le nom est drôle (et complétement mensonger) pour une course qui fait des allers retours dans un escalier en plein Paris ; mais les 2 mots « Ultra Trail » étant déposé comme marque, il ne faudrait pas que l’on grossisse trop afin qu’on nous laisse tranquille encore quelques temps.

Pour revenir plus sur la question posée, je répondrai avec le texte d’inscription :

« Pas de points UTMB demandés, ni de côte ITRA minimale. C’est gratuit et ça le restera (encore heureux ). On vous demandera simplement des points “humour,” une côte “bonne humeur” et un certificat de sympathie ! Bien entendu, je déconseille personnellement de tenter le coup sans un background plus que solide en course, ainsi qu’une bonne quantité de folie. Pour avoir fait 159 Allers-Retours l’an dernier… je peux vous le dire… Ça pique grave !! »

Donc en clair, si troisième édition il y a, le tirage au sort et le principe du hasard sera toujours présent. Je pense simplement développer le principe de plusieurs chapeaux : Un chapeau pour les ultra trailers qui ont déjà couru plus d’un certain nombre d’heures (en 2018 c’était 24h..), et un autre chapeau avec les autres. On verra. Rien n’est encore fixé.

Bon… Sans blagues, tu es un habitué du Mont Martre ! Qu’est-ce que t’apporte le travail vertical et notamment de marche ? Est-ce un des atouts qui ta permis de performer cette saison ?

C’est vrai que je vais assez régulièrement à MontMartre. En fait ce n’est pas forcément pour les marches (que je travaille relativement peu). C’est plutôt car c’est tout simplement l’endroit de Paris, où je peux faire les montées les plus longues (en distance… pas en dénivelé).

Je ne recherche pas tant que cela le dénivelé pour le dénivelé. Mais je recherche plutôt la capacité à courir dans du dénivelé. C’est cette seconde habitude que je travaille à Montmartre car c’est bien celle-là qui me sera utile en course officielle en montagne.

Pour ce qui est plus précisément des marches. La première édition, en 2017, m’a réellement traumatisé. J’avais pourtant fait à peine 159 allers-retours en une douzaine d’heures ; mais je n’ai jamais eu autant de mal à récupérer après une course. Même la Diagonale m’avait moins traumatisé. J’ai évité pendant les 11 mois suivant de retourner faire de l’escalier. Cela avait créé en moi une certaine peur, un certain dégout. J’y suis simplement retourné 2 semaines avant l’édition de 2018 pour me rappeler au bon souvenir des allers-retours en escalier, et arriver un peu préparé.

Si je devais retirer quelques choses de positif de cet entrainement. Cela serait plus l’aspect mental que l’aspect physique. Faire 271 fois des escaliers… en boucle… Avec au bout d’un moment des touristes de toutes les nationalités qui vous empêchent d’avancer normalement. Réussir à survivre psychologiquement à cela, c’est pour moi un réel entrainement pour les moments de beaucoup moins bien en ultra. S’entrainer à tout déconnecter. Le cerveau. Les jambes. Le système nerveux. C’est très bénéfique pour moi.

De nouveaux projets pour 2019 ?

En dehors des courses officielles, je suis sur trois projets OFF.

Un premier, le 30 mars à Fontainebleau : Les 25 Heures des 25 bosses (https://www.facebook.com/events/543695879376365/). L’idée est simple : Courir pendant 25 h sur le parcours des 25 bosses et tenter de faire le maximum de tours possibles. Cette fois-ci je pars en solo dans ce défi, mais je propose à tous de venir m’accompagner sur un ou plusieurs tours. J’aimerai voir combien de tours il est possible de faire, et émettre ainsi une valeur étalon qui pourrait servir pour les années futures.

Un second, surement en novembre. Je ne suis pas encore sûr du concept, mais ça tournerait autour du fait de faire 3 x le tour de Paris le plus rapidement possible.

Et un dernier : l’UTMM, tout simplement. Je ne sais pas encore si une troisième édition aura lieu. Je vais me décider dans les semaines / mois à venir. Une chose est sûre, s’il y a une troisième édition, je ferai tout pour que quelqu’un réussisse à battre mon record de 18 h 12 min. Cela me motivera à retenter le coup l’année suivante.

Bref. Quelques idées qui trainent par ci par là. Ma saison officielle prenant de plus en plus de places. Et ma volonté de réussir sur quelques gros ultras officiels, m’empêche un peu de mettre en place toutes les idées que j’ai envie de réalisé sur Paris et autour. Une chose est définitivement sûre : A Paris, on n’a pas de montagnes, mais on a des idées. Ce n’est déjà pas mal !

Crédit photo Smooth Bokeh

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