Stéphane Ricard est triple champion du monde de course en raquettes à neige et ambassadeur de ce sport en France. Nous étions alors curieux de découvrir une discipline, encore assez méconnue et peu médiatisée dans notre pays (un reportage de quelques minutes sur France 3 dans le 12/13 National et deux minutes dans le 13h de Jean-Pierre Pernaut). Nous désirions donc lui poser quelques questions, afin de mieux connaître ses motivations et les « bienfaits » de la course en raquettes sur le trail running et la course à pieds.
WT : Stéphane merci de nous accorder de ton temps pour ce petit portrait, peux-tu commencer par te présenter rapidement ?
SR : Je suis Stéphane Ricard, j’habite dans les Hautes-Alpes proche de Gap. Agé de 35 ans, je suis professeur des écoles dans une classe de CE2/CM1. Depuis tout petit, je pratique le sport. Depuis 2006 et une participation à l’Embrun Man, les sports d’endurance sont devenus mon quotidien. J’ai basculé du triathlon vers la course sur route et le trail.
WT : Comment as-tu découvert ce sport ? Depuis quand le pratiques-tu ?
SR : Je pratique la raquette depuis 2008. J’ai pris part à mes premiers championnats du monde en 2012. Ils avaient lieu au Québec (Canada). J’avais pris la médaille de bronze. Au départ, c’était pour casser la routine de la course à pieds. J’ai aussi constaté que cela permettait de gagner en puissance musculaire. Amoureux de la montagne, je pouvais la pratiquer également l’hiver. J’ai commencé à arpenter les sommets du côté de la station d’Ancelle.
WT : Quel effet cela fait-il d’être champion du monde ?
SR : Même si c’est une discipline en plein essor, c’est toujours « sympa » de monter sur un podium. Après je ne cours pas forcément pour ça à la base. C’est juste un plus qui permet de vivre certaines émotions. Grâce aux autres compétiteurs, on peut se sublimer et essayer de découvrir certaines limites.
WT : Peux-tu nous décrire l’ambiance lors des championnats du monde que tu as disputés ? (différence par rapport aux autres compétitions …)
SR : En Italie, au Canada, en Espagne ou encore aux Etats-Unis, le sport est vraiment développé. L’ambiance est unique. C’est en direct à la télévision et les spectateurs sont nombreux. En Espagne l’année dernière, j’ai vécu un super moment. C’était incroyable. La raquette c’est une grande famille avec des supers gars. La densité est de plus en plus forte et le nombre de nations représentées également. Dans les Dolomites cette année, il y avait 27 pays.
WT : Ta discipline est-elle très pratiquée en France ? Et dans les autres pays ?
SR : En France, c’est la FFME (fédération française montagne et escalade) qui a la délégation, mais ils ne proposent presque rien pour la compétition. C’est dommage … Cela va bientôt changer, je l’espère. Dans d’autres pays, il y a beaucoup plus d’engouement car les trails blancs n’existent pas.
WT : Comment t’es-tu préparé pour ces championnats ?
SR : Comme chaque année, j’ai intégré beaucoup de musculation à la salle « Keep Cool » chez moi. Il faut être puissant et le travail de PPG (ndlr : préparation physique générale) est capital. J’essaie de faire quelques sommets raquettes aux pieds. Et j’ajoute des séances de VMA (ndlr : vitesse maximale aérobie) et de seuil comme si je préparais un cross. J’ai inclus deux compétitions (foulée de Noël à Oraison et 10 km d’Issy les Moulineaux : 31’37).
WT : Hors championnats, quel est ton entraînement ? Bénéficies-tu d’un encadrement particulier ?
SR : Je suis coachsportif, donc je connais les grandes règles de l’entraînement. Cependant, je préfère me faire accompagner, par un ami : Pascal Haudicot qui me connaît depuis de nombreuses années. Je suis une période foncière dans un premier temps (beaucoup de kms dans différents sports, des séances de « muscu », et un peu de travail en intensité) avant de basculer vers du travail spécifique en vue d’une course sur route ou d’un trail.
WT : A Part la course en raquettes quel autre sport pratiques-tu ?
SR : J’adore varier les disciplines. Je ne cours pas beaucoup à pieds. Je préfère l’entraînement croisé avec le vélo, le ski de randonnée, la natation et le ski de fond. Parfois, je fais même de l’escalade. C’est un bon moyen pour ne pas se blesser. Je ne suis pas capable d’enchaîner les semaines à plus de 100kilomètres sans me blesser.
WT : Est-ce que la pratique de la raquette en hiver peut-être un plus pour le traileur ?
SR : Carrément! Comme le « ski de rando » ou le ski de fond, c’est un très bon moyen pour travailler son endurance de force. Cela permet de varier la pratique et c’est celle qui se rapproche le plus de la course à pieds. J’ai réussi à courir en moins de 32 minutes (sur 10 km) une année avec seulement des entraînements en raquettes, pratiquement.
WT : L’entrainement c’est bien mais en course il faut aussi bien s’alimenter, tu es plutôt « fait maison » ou gel, barres de céréales… ?
SR : J’utilise les produits « BioRevola » mais aussi ceux de chez « Pileje ». Quand je peux éviter le gluten, je le fais. Je suis passionné par la nutrition. J’aimerais bien passer mon diplôme de naturopathe.
WT : Quel matériel utilises-tu pour tes entraînements et pour tes courses ?
SR : En raquettes, je cours avec des « TSL Symbioz Racing ». Elles sont légères (320 grammes pour chaque pied). En chaussures, je cours avec la marque « Adidas » depuis 2013.
WT : Peux-tu donner quelques conseils pour ceux ou celles qui désireraient commencer ce sport ?
SR : Evoluant dans un milieu montagne et sur un sol instable, il faut toujours prendre des précautions lorsqu’on part faire un sommet. De plus, il faut savoir que la « raquette » est plus énergivore que la course à pied classique. Le poids aux pieds, le sol instable mais aussi le froid font qu’on brule plus de calories. Il faut donc s’équiper en conséquence.
Comment ne pas être touché par la sympathie et la modestie de Stéphane Ricard, sportif de haut niveau ?
Il n’a pas obtenu cette année son quatrième titre de champion du monde (ce 5 janvier 2019 dans les Dolomites) mais l’a défendu âprement (à 16 secondes du podium), en obtenant une belle 5ème place, lors une course très rapide.
La raquette à neige apparaît donc comme une discipline tout à fait complémentaire et apportant de multiples avantages (renforcement musculaire, vitesse, …) pour la pratique du trail.
Ce sport promu à un bel avenir, on l’espère, permet de s’entraîner en hiver sous la neige, de varier les plaisirs et de découvrir les sentiers des trappeurs.
Un petit portrait chinois pour finir cette interview :
Si tu étais un animal tu serais… Un bouquetin.
Si tu étais une couleur tu serais… Le bleu.
Si tu étais une chanson tu serais…“Now are free” (film Gladiator).
Si tu étais un trail tu serais… Le marathon du Mont Blanc.
Si tu étais un métier tu serais… Professeur.
Si tu étais un objet tu serais… Une lampe.
Si tu étais un film tu serais… Forest Gump.
Si tu étais un fruit tu serais… Un brugnon.
Si tu étais un sport tu serais… Tous les sports.
PALMARES :
● Triple champion du monde de raquettes (2014/2016/2018)
● Champion d’Europe de raquettes (2013)
● Vainqueur de la 6000D (2013)
● Double vainqueur du trail Ubaye Salomon (2012/2013)
● Record sur 10 km: 31’07
● Champion de France de « run and bike » (2012)
● 5ème de la coupe de France de course en montagne (2014)
● Vainqueur d’une trentaine de courses départementales et régionales
● Trois participations à l’Embrun Man
● Participation aux championnats du monde Xterra à Hawaii
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