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De nos jours, le running et surtout le trail font de plus en plus d’adeptes, une aubaine pour les différentes marques qui surfent sur cette tendance. En effet, ces marques développent de plus en plus de produits toujours plus techniques. Si je prends l’exemple des chaussures, le confort, le maintien, l’accroche, l’amorti font partie des points importants quand on choisit sa paire de pompe.
Mais certains ont décidé de revenir à des produits simples : des chaussures en toile et en corde. Le premier à s’être fait remarquer est Menouar Benfodda en finissant le trail du Canigou avec un gros temps et surtout en effectuant le record du monde sur le marathon de Paris avec ses vigitanes Catalanes. Le basque Nicolas Duplaa a lui aussi relevé ce défi mais avec des espadrilles Mauléonaise. Car il faut rappeler que l’origine des espadrilles vient du Pays Basque, même si cela va déplaire à Magalie rédactrice wondertrail. Le Basque étant fier, Nicolas a voulu défendre les couleurs du sud-ouest en courant vendredi 6 juillet et samedi 7 juillet 2018 deux trails de montagne.
WT – Agur Nicolas peux-tu te présenter en quelques lignes ?
ND – J’ai 32 ans et suis originaire de Taderts. J’ai commencé par jouer à la cesta punta à 5 ans, une spécialité de la pelote Basque, à Mauléon. J’ai découvert la course à pied il y a une dizaine d’années et j’ai pris goût aux compétitions. N’ayant pas de bons résultats en pelote j’ai décidé d’arrêter pour me consacrer entièrement à la course. Avant tout pour le plaisir, mais j’ai également pris un coach pour arriver à performer. J’ai effectué 25 marathons avec un record à 2h37, mais aussi la Pierra Menta, le Marathon du Mont Blanc et bien d’autres défis.
Je suis entré dans le club Xiberotarrak de Mauléon (voir article Wondertrail sur le tour de la soule pour en savoir plus) et petit à petit Vincent Etchebeste, président du club de course de Mauléon, m’a demandé de faire partie du conseil d’administration du club afin de renouveler avec des jeunes et avoir des idées neuves.
WT – Mais maintenant tu es président
ND – oui effectivement il y a environ 2 ans quand Vincent, qui fait toujours partie du conseil d’administration, a voulu arrêter cela m’est un peu retombé dessus. Je ne voulais pas forcément car cela donne des responsabilités mais il y un a super groupe avec un bon noyau de cinq-six. On a redoré le blason en ayant fait du ménage et maintenant le club renvoie une belle image sur les différentes courses.
WT – C’est à dire?
ND – On est un club de potes et non plus élitiste. Avant certaines personnes venaient pour avoir une licence et ne pensaient que compétition, il n’y avait aucun amour de ce que représente le maillot du club, alors que pour nous c’est important. Aujourd’hui je préfère avoir de moins bons résultats mais avoir un groupe de copains avec qui on s’entend bien, et qui sont fiers de courir pour nos couleurs. En bref, l’image a du mal à changer mais change, les personnes n’osent pas trop venir à certains entrainements ayant peur d’être moins bons. Mais tout le monde est le bienvenu et cela rentre dans les esprits, on est des challengers bien sûr avec un excellent état d’esprit mais pas des élitistes. De plus en plus de monde nous rejoint. Là, on est bien.
WT – J’ai pu personnellement le voir en ayant rencontré par hasard des traileurs du club, au départ d’une sortie montagne. Alors que leur niveau est bien supérieur au mien, ils m’ont proposé de venir avec eux, et d’ailleurs je remercie particulièrement Adrien (qui se reconnaitra, enfin s’il lit mon article, mais il a intérêt) d’avoir trainé le boulet que je suis sur cette sortie extra.
ND – Ben voilà c’est ça l’esprit trail, l’esprit montagne mais surtout l’esprit Xiberotarrak.
WT – C’est un club bien représentatif de la culture Basque, et comme le dit Christophe mon wonderboss : « C’est excellent chez vous au Pays Basque, on associe toujours le trail avec la cochonaille, et les apéros ».
ND – C’est tout à fait ça et je vais même rajouter les potes. Après les sorties trails on finit toujours par un apéro, et si c’est un samedi cela dure la soirée avec ceux qui peuvent car il y a bien sûr les obligations familiales. On fait la fête ensemble.
WT – revenons à toi, tu t’entraines donc avec un coach, quel est ton volume d’entrainement ?
ND – Je cours 6 fois par semaines et je peux doubler selon les objectifs avec beaucoup de kilomètres.
WT – Je souhaiter que les lecteurs te connaissent mieux pour en venir au sujet qui nous intéresse, cette fameuse course en espadrilles, comment cela t’es venu ?
ND – Suite au Marathon de Paris, où le catalan a effectué le record du monde en chaussures minimaliste avec des vigitanes, un fabriquant d’espadrille local : Prodiso a fait un « post » sur facebook en disant que si un coureur souletin est capable de courir en espadrille on lui offre une paire. C’était sur le ton de l’humour, mais un copain m’ayant « tagué » je m’y suis pointé le lendemain. Ils m’ont donné une paire de ma taille avec une petite mousse qui a été rajouté pour le confort et pour éviter d’être directement sur la corde, et me voilà partie faire des petits footings de quelques kilomètres.
WT – L’adaptation a-t-elle été difficile ?
ND – Ça s’est fait plutôt facilement vu que j’avais commencé à courir en chaussures minimalistes avec des five-fingers. Mais attention, pour ceux qui veulent tenter l’espadrille c’est comme si on courait pieds nus, pas d’amorti, pas de drop cela se travaille. Il ne faut pas courir sur le talon mais sur l’avant du pied, le mollet trinque donc il faut y aller progressivement. Dès qu’il fait beau d’ailleurs, je préfère courir en espadrilles, ma foulée est plus naturelle et je n’aimais pas me voir en photo sur le talon (lol). La foulée s’adapte à la chaussure et pas l’inverse.
WT – Mais d’où est venue cette idée de défi contre le catalan ?
ND – Suite à une de mes publications sur facebook, Errea l’équipementier de Menouar m’a contacté pour organiser un défi espadrille basque contre catalane, lors de la course des crêtes à Espelette, dont Errea est partenaire. Me voilà donc inscrit sur le 7km en nocturne et le 26km le lendemain. Malheureusement j’ai appris quelques jours avant le départ que Menouar était malade et ne serait donc pas présent.
WT – Il a eu peur c’est normal (rires…)…
ND – (sourire) non je ne pense pas car lorsque je vois ses résultats sur le Canigou, je pense que j’aurais pu finir loin derrière.
WT – Alors cette course ?
ND – Super !! J’avais un peu d’appréhension vu la pluie le matin car l’espadrille peut vite rester collée sur de la boue, mais rien du tout, le maintien est correct, le pied ne bouge pas grâce aux liens autour de mon mollet. Ce n’est pas dangereux, il faut surtout faire attention aux cailloux et dans les descentes car il n’y a pas de crampons, on glisse en arrière. De temps en temps je reprenais de mauvaises habitudes en recourant sur le talon, j’étais vite rappelé à l’ordre et ça tapait dur dans les genoux et le dos, donc je me réadaptais immédiatement.
WT – Par contre du point de vue des résultats chapeau bas, tu finis 4ème sur 84 participants en nocturne et 135ème le lendemain sur le 26km sur plus de 1000 coureurs.
ND – Sur de courtes distances la différence de chaussure ne se voit pas trop. Le lendemain sur le 26km c’était un peu plus dur, mais surtout dû à la fatigue, avec un couché à 2h du matin après le nocturne, en ayant mal dormi dans un camion aménagé. Je ne visais pas de top dix non plus, voyant que j’étais loin j’ai profité à fond de ma fin de course. J’ai parlé avec d’autres coureurs qui voulaient connaitre l’histoire, je me suis aussi arrêté boire une gorgée de bière avec une banda qui animait la course. Et d’ailleurs, j’aurais dû en boire plus car elle était bien fraiche ! J’ai passé un super moment, un excellent week-end.
WT – Et le lendemain ça a piqué?
ND – Non pas du tout, je n’ai eu aucune douleur, pas de courbature ni autre désagrément. Courir avec des espadrilles en montagne n’est pas si difficile, c’est même agréable avec je le répète un minimum de préparation, c’est obligatoire.
WT – Du coup il n’y aura pas eu de défi espadrille, cela a enlevé du piment (d’Espelette bien sûr, OK je sors) à ce trail ?
ND – Non je n’étais pas seul, un toulousain inscrit à la course a vu l’article, il a donc acheté (dans un intermarché je crois) une tenue de festayre (tenue rouge et blanche des fêtes locales) avec des espadrilles. La grosse différence c’est que les miennes sont cousues main et les siennes en machine, donc beaucoup moins solides, elles ont craqué et il a eu du mal à finir, mais il l’a fait. Bon, par contre il a eu des courbatures le lendemain et m’a demandé si c’était normal.
WT – Tout cela te donnes-t-il des idées, des envies, des projets à court ou long terme ?
ND – Oui et même rapidement, et pour info je viens d’avoir les autorisations donc c’est officiel, c’est pour la fête de l’espadrille à Mauléon le 15 aout. Une fête avec beaucoup de monde, on y montre la fabrication. Il y aura des parties de pelote et de la force basque. Et donc l’évènement qu’on va organiser est « la balade de l’espadrille » autour de Mauléon. Ce sera en mode marche / course de 5km, sans classement ni chrono, le départ sera donné à 11h15. Lors de l’inscription une paire d’espadrille sera offerte. En gros, un évènement sport et culture qui permettra de faire parler encore une fois de Mauléon et de ses espadrilles.
WT – Et pourquoi pas une épreuve en espadrille du tour de la soule que vous organisez avec le club de trail ?
ND – Oui pourquoi pas ou alors un championnat du monde officieux, mais à quelle fédération course à pied ou minimaliste ? (rires). Des idées, j’en ai plein la tête mais je les garde pour moi pour l’instant.
WT – Un dernier mot ?
ND – Juste une petite anecdote, quand je pratiquais la pelote basque, à 11 ans j’ai joué une demi-finale de championnat de France en espadrilles. D’ailleurs certains joueurs de main nue en utilisent aussi, comme quoi les espadrilles Mauléonnaises ont un bel avenir.
Milesker Nicolas de m’avoir accordé du temps le lendemain de cette course, encore félicitations pour ce pari réussi et je ne peux que souhaiter la réussite de tes projets. A très vite sur nos montagnes Basques et qui sait peut-être pour la première course en espadrilles.
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